Mon « Sho » à moi

Pourquoi la calligraphie ?

Loin des clichés habituels d’un Japon moderne et déshumanisé, je n’ai pu résister à la tentation partout ambiante d’apprendre la calligraphie. C’est en 2003 que j’ai commencé à étudier la calligraphie au sein de l’Ecole Zengoshei-in, sous l’enseignement de maître Kayo Nakamura. Celle-ci m’initia aux différents styles de calligraphies : la calligraphie chinoise, de style kaisho (où la rigueur est nécessaire), de style Gyosho (la cursive, celle de la correspondance, permettant élégance et clarté), le Sosho (l’abstraite) et enfin le kana, (la japonaise caractérisée par sa fluidité et longueur de tracé). A cette époque j’étais loin de réaliser combien cet apprentissage serait long et ardu. D’ailleurs se termine-t-il vraiment un jour ? C’est à force de pratique que je me sens pénétrer dans un monde d’une richesse inépuisable…

La calligraphie, reproduction ou interprétation?

Il est d’usage dans l’apprentissage de la calligraphie d’étudier les oeuvres des grands maîtres et de les copier. Toutefois, le mot « copier » traduit bien mal cette activité. Je préfère parler « d’interprétation », puisqu’il s’agit en effet de retrouver le rythme musical du pinceau du maître. Comme le pianiste qui interprète la pièce du compositeur, comme le danseur qui interprète une chorégraphie. La calligraphie est un mode d’expression personnelle. C’est l’état d’esprit, l’énergie, le tempérament qui se manifestent dans l’exécution. La tenue du pinceau, la posture, la concentration, la maîtrise de l’attaque d’un trait, la nuance de son tracé, le courant dans l’enchaînement, l’énergie exprimée, sont autant d’enjeux qui dépassent la simple exécution d’une écriture.

Comment passe-t-on de la calligraphie à la peinture ?

Très vite, je me suis de moins en moins obstinée à saisir les sens précis de chacun des kanjis. Bien sûr le sens a son importance, mais il existe des calligraphies qui deviennent illisibles même pour les Japonais tant les caractères y sont reliés de manière abstraite. Ce qu’il faut alors apprécier : les effets de mouvements et les multiples nuances dans les tons de l’encre, tout comme dans une oeuvre purement abstraite. Aussi cette audace dans le trait qui devient balade ou mouvement est une richesse indispensable dans l’art de la peinture. Le sumi-e, ou peinture à l’encre traditionnelle d’origine chinoise, n’appelle-t-il pas aux techniques et principes de la Calligraphie ? Peindre une branche de bambou ne demande-t-il pas une véritable maîtrise du geste afin de contrôler son tracé pour exprimer toute la force du tronc, sa flexibilité et enfin la souplesse des branches et de ses feuilles volant au vent… C’est donc avec ce même état d’esprit que je tente d’interpréter les mouvements d’un drapé de kimono, les pas d’une geisha sur ses sandales de bois ou encore la fragilité d’une pile de bols en céramique…

Titre

Maître 5ème Dan, 2011

Expositions

2007, 2008, 2009 et 2010 : Sélection à l’Exposition Nationale de Calligraphie organisée par l’école Zenshogei-in au National Art Center de Tokyo.
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