LE CALLIGRAPHE
Publié chez Hong-Fei Cultures, une maison d’édition inter-culturelle spécialisée jeunesse, créée en 2007, Le Calligraphe reprend un épisode fameux de la vie de Wang Xizhi, célèbre calligraphe chinois du IV siècle, anecdote peinte sur un panneau décoratif exposé au palais d’été de Pékin.
L’illustre Wang Xizhi rencontre, lors d’une promenade, Laolao la Vieille, gémissant et pleurant sur son sort. En effet, le printemps est encore trop frais pour qu’elle vende ses éventails. Comment alors nourrir son petit-fils? Wang Xizhi prend un vingtaine d’éventails, sur lesquels il calligraphie les vers d’un poème et lui conseille de vendre chacun d’eux cent sous. Chun-Liang Yeh nous offre un texte sensible, avec des dialogues savoureux. Laolao se lamente, se plaint longuement, et reproche à Wang Xizhi d’avoir « barbouillé avec de vilaines taches noires » ses éventails, désormais invendables à ses yeux. Elle n’est pas convaincue par les arguments du « Prince des calligraphes », qu’elle soupçonne de se moquer d’elle. Chun-Liang Yeh peint le calligraphe sous un jour nouveau, bien loin des stéréotypes du lettré inaccessible. Wang est un bon vivant, qui part se promener avec vins et mets, accompagné de son serviteur. Les reproches de la Veille le font sourire, et c’est avec beaucoup de bonté qu’il propose de l’accompagner au marché pour l’aider à vendre les éventails. Il sait rester humble, ne se vante jamais d’être le grand Wang Xizhi et n’hésite pas à lui venir en aide. Les très beaux dessins de Nicolas Jolivot renforcent ce côté « bon enfant », avec des personnages drôles, dessinés à l’encre de Chine, tout en rondeur comme Wang ou Laolao, ou long comme le fantasque assistant qui porte sur son dos provisions et matériel de calligraphie et tend avec déférence l’encre à son maître. L’art embellit la vie, les belles calligraphies de Wang sur les éventails ont la puissance de faire surgir la Colline Parfumée, ressentir le souffle de la brise et entendre le chant du rouge-gorge. L’histoire s’achève bien, Laolao a retrouvé son sourire et les deux hommes peuvent terminer leur journée avec une coupe de vin, à la façon des poètes taoïstes qui savent jouir de la vie !