Le village japonais d’Albert Kahn
Lorsque Albert Khan crée son village japonais sur une parcelle acquise en 1897, l’heure est déjà au japonisme grâce aux expositions universelles. Cependant, il aménage cet espace au retour d’un voyage au Japon, « pour retrouver cette atmosphère qui lui est si familière ». Dans un souci d’authenticité, Il engage des artisans japonais et fait importer des végétaux ainsi qu’une collection de bonsaïs. Deux pavillons traditionnels, achetés en cours de voyage (1897), sont livrés en pièces détachées puis remontées selon un savoir-faire ancestral. Leurs portes coulissantes ou shōji mettent en étroite relation espace intérieur et jardin ; fermées, elles offrent toujours une vue panoramique sur le paysage environnant que l’on aperçoit, agenouillé sur un tatami, à travers un cordon de fenêtres horizontales.
Cet ensemble bâti est à l’époque complété par une pagode de cinq étages, qui brûle en 1953, et un pavillon de thé, remplacé en 1966. Entouré d’un jardin, ce dernier est isolé et légèrement surélevé, afin d’évoquer le calme des ermitages de montagne, propice à la méditation et aux cérémonies de thé.
Un jeu de pleins et de vides sculpte aujourd’hui l’espace tout au long de la promenade, permettant au regard de voyager. Roches et végétaux taillés suggèrent, en réduction, des paysages du Japon : îles sur une mer de mousse et rivière sèche se laissent ainsi deviner.
Pagode de pierre, lanternes ou bonsaïs rappellent encore les riches collections qui ornaient autrefois ces lieux.