À Gyverny, le Jardin de Claude Monet…
Tout le monde le sait, Claude Monet, bien que n’ayant jamais visité le Japon, était littéralement subjugué par l’esthétisme des maîtres nippons. Le japonisme lui révéla de nouveaux horizons picturaux, alors qu’il était le précurseur de l’art abstrait en France. Le voilà qu’ils’entiche des images du monde flottant (ukyo-e). Il partage cet engouement avec un autre peintre, Vincent Van Gogh, ainsi qu’avec le sculpteur Auguste Rodin. Claude Monet dit « avoir acheté autrefois en paquets, pour quelques francs, en Hollande » ses premières gravures. Toute sa vie, il enrichit sa collection…
À Giverny, au sein de la demeure familiale, principalement sur les murs jaunes de la salle à manger, sont accrochées plus de deux cents estampes japonaises. Signées des renommés Katsushika Hokusai (1760-1849), Andô Hiroshige (1797-1858), Kitagawa Utamaro (1753-1806), elles invitent à une rêverie poétique. Courtisanes, acteurs de kabuki, carpes, grues, chrysanthèmes et abeilles représentent un ailleurs où chacun vaque à ses occupations quotidiennes. Une leçon de vie.
Claude Monet aime aussi la nature. Un parfum de rosée, le bruissement des saules, la floraison d’un prunus l’enchantent. Dans le jardin d’eau, de nombreuses espèces proviennent du Japon : cerisiers, pommiers, érables, saules, azalées, iris et pivoines…Le père de l’impressionnisme commande notamment au pépiniériste Georges Truffaut des espèces rares. Des amis nippons lui envoient des graines. À l’initiative du peintre, une importante plantation de bambous formant un bois dense agrémente ce paysage aquatique. Sur le pont japonais, des glycines blanches et mauves, l’une chinoise, l’autre de l’empire du Soleil-Levant vrillent au-dessus des eaux de l’étang tapissées en été de nénuphars. Le jardin est indéniablement sous influence japonaise, mais certainement pas zen…
Valérie Laudier