Dictionnaire amoureux du Japon

Qu’on y passe quelques jours ou quelques semaines, on circule généralement comme Occidental au Japon avec le sentiment de marcher — souvent en rond — sur une autre planète. Les subtilités de langue et de la nourriture, les mille et un codes qui nous échappent et le poids des non-dits ont vite fait de nous égarer.

Pour commencer à y comprendre quelque chose, ce Dictionnaire amoureux du Japon est une vraie mine d’or.

Et on ne pourrait rêver d’un meilleur guide au pays du Soleil levant que Richard Collasse, un Français immergé « en état d’apesanteur » depuis près de 50 ans dans la société japonaise, où il est débarqué pour la première fois en 1971. Romancier (La traceLe pavillon de thé), poète, patron de la maison de luxe Chanel KK au Japon, l’homme parle couramment japonais et a su pénétrer au fil des ans toutes les couches de la société japonaise.

Sans surprise, son ouvrage est le résultat d’une longue course à obstacles : « Aborder le Japon, c’est accepter de trébucher de paradoxe en paradoxe. » Et la culture japonaise, rappelle-t-il, est « rétive à toute approche simpliste, qui ploie mais ne se rend pas, qui ne s’apprivoise que de haute lutte et se mérite au quotidien ». Pour cela, il faut du temps et de la patience.

Le Japon, à ses yeux, est une sorte de « mille-feuilles ». Une société qui change moins qu’elle ne s’adapte, ajoutant plutôt une nouvelle strate qui n’efface pas les précédentes.

Tour à tour drôle et érudit, toujours « amoureux », l’auteur nous convie à un voyage personnel à travers le temps et l’espace, mêlant souvenirs et anecdotes aux réalités complexes de la culture « multimillénaire » du Japon.

Qu’il est bon de déambuler dans les pages de ce « Dictionnaire amoureux », lecture de chevet incontournable pour tous ceux qui ont un intérêt pour le Japon.

Estampes représentant Sei Shônagon (1885), « cette dame de cour du Xe siècle dont « Les notes de chevet » sont l’oeuvre la plus proustienne avant Proust» (Robert Collasse)