Jusqu’au 3 Octobre 2022

La céramique japonaise connaît actuellement un âge d’or. Bien qu’issue d’une longue histoire marquée par la transmission de traditions très anciennes, la production s’est, au cours de ces dernières décennies, en tous points réinventée de manière spectaculaire. Les pièces les plus classiques, comme l’humble bol à thé, se sont ainsi muées en de fascinantes œuvres d’art contemporain.

L’irruption en force de céramistes femmes dans ce domaine autrefois largement dominé par les hommes pourrait bien-être à l’origine de cette révolution. L’après-guerre offrit aux femmes des opportunités inédites de mettre, littéralement, la main à la patte et de « toucher le feu ».

Les défis restent pourtant immenses avant qu’une femme ne voie son talent reconnu dans ce domaine et ne s’impose comme créatrice à part entière. Contrairement aux Beaux-Arts qui peuvent rester conceptuels, la céramique impose de produire sans interruption pour parvenir, au fil des ans, à une parfaite maîtrise technique, ce qui requiert le sacrifice d’une bonne part de sa vie personnelle.

La tradition fait également obstacle aux aspirations des femmes céramistes. Durant des siècles, l’apprentissage était réservé au fils aîné. Jusqu’à une date récente, les filles étaient exclues de ces lignées de transmission. L’art céramique matérialisant les croyances du shinto, il était inconcevable que les femmes, longtemps considérées comme impures, puissent toucher un four. Elles étaient confinées à la seule administration des ateliers de leurs époux. Les céramistes femme de la génération d’après-guerre ont fait éclater le carcan de ces rôles imposés, obtenant enfin un début de reconnaissance dans les années 1980.

En 2007, le musée de Céramique contemporaine du Parc culturel de la céramique de Shigaraki inaugurait une exposition pionnière, « Soaring Voices : Contemporary Japanese Women Ceramic Artists », qui fut ensuite présentée au musée national de Céramique à Sèvres, sous le titre de « Résonances contemporaines/25 céramistes japonaises », avant une ambitieuse tournée des musées américains, dont le succès fut colossal. Depuis, les artistes japonaises occupent une place prépondérante dans le domaine de la céramique contemporaine, l’une des plus créatives au monde.

Depuis six ans, le musée Guimet a fait de la création céramique contemporaine féminine au Japon un axe majeur de sa politique d’acquisition.

FUJINO Sachiko (née en 1950)
Grès à glaçure mate blanche avec dégradés de gris (2020)
Crédit photo @ MNAAG
KATSUMATA Chieko (née en 1950)
Grès de Shigaraki, engobes colorés et glaçures mates superposées, cuissons multiples (2017) Crédit photo @ MNAAG
FUKUMOTO Fuku ( née en 1973)
Paire de biscuits de porcelaine (2017) Crédit photo @ MNAAG
HATTORI Makiko (née en 1984)
Grès recouvert à l’extérieur et à l’intérieur de minuscules
fagots d’argiles arasés (2019) Crédit photo @ MNAAG