Du miniature au monumental par Grégoire Scalabre à Chaumont-sur-Loire

Le domaine de Chaumont-sur-Loire est le premier Centre d’arts et de Nature qui chaque année accueille le Festival International des Jardins, haut lieu de la création paysagère et d’art contemporain. La programmation culturelle rythme la vie du domaine du Château : installations d’artistes, expositions de grands photographes, jardins de création.

Parmi les artistes sélectionnés pour l’édition 2023, j’ai particulièrement été sensible au travail de Grégoire Scalabre, céramiste accompli et de renommée internationale. Trois de ses œuvres sont exposées au sein des Écuries du château, dont deux originales spécialement réalisées pour l’événement.

L’Ultime Métamorphose de Thétis

L’œuvre la plus imposante est L’Ultime Métamorphose de Thétis, qui fut primée l’an passé par la Fondation Bettencourt Schueller pour l’Intelligence de la Main et pour laquelle l’artiste a reçu le prix de « Talent d’exception ». Il s’agit d’une pièce monumentale (2 mètres de longueur sur 2 mètres de hauteur), constituée de 70 000 amphores miniatures minutieusement disposées sur un socle en forme de vase. Toutes les petites pièces ont été tournées une à une à la main en porcelaine translucide émaillée dans des couleurs déclinant de magnifiques beiges et camaïeux de verts, rappelant la végétation marine.

« Avec L’Ultime métamorphose de Thétis, je souhaitais rendre hommage à ces simples vases et à ce qu’ils représentent à mes yeux, une part de notre civilisation. Comme Thétis qui renait au fond de l’eau, ce vase s’inspire des amphores couvertes de mousse, abandonnées au fond de l’eau lors d’un naufrage. Par ailleurs, je voulais aussi relever un défi, transcender la technique du tournage par la quantité des pièces produites, ce qui rend la démarche presque initiatique. Chacune des 70 000 miniatures, tournée à la main, possède une forme unique et ce travail d’accumulation m’a permis de passer de la notion de pièce utilitaire à celle de sculpture, d’œuvre à part entière. » Grégoire Scalabre, Source fondationbs.org

La sculpture finale obtenue par collage de ces milliers de vases pèse 500 kg et a été admirée lors de la dernière biennale de Venise où elle était montrée par Homo Faber.

L’onde

Tout aussi surprenantes sont ses deux autres œuvres que l’on est invité à découvrir. L’une, murale et spécialement créée pour Chaumont, L’Onde, symbolise l’arrivée du printemps.« De loin elle apparaît blanche, mais quand on se rapproche, on découvre des centaines de camaïeux qui se régénèrent, comme les couleurs du printemps. » Grégoire Scalabre, Source lanouvellerepublique.fr. Une référence à l’impressionnisme et au fauvisme, où une vingtaine de couleurs différentes s’accrochent sur un travail de forme composé toujours à base de 12 000 minuscules vases.

Cygnus

Enfin, en poussant les portes d’une écurie, on pénètre dans l’écrin sombre de l’envoûtante Cygnus. Elle apporte une éclipse de lumière. Lorsque les yeux du visiteur s’habituent à la pénombre, ils la découvrent, flottante. Ils ont du mal à se détacher de la lumière émanant des porcelaines. Cette fois, les milliers de céramiques brillent subtilement.

« Cygnus s’inspire des épaves historiques de la Compagnie des Indes orientales, éparpillant leurs cargaisons perdues de pièces de porcelaine fine d’Asie au fond des mers. Grégoire Scalabre symbolise ces vaisseaux perdus par de minuscules pièces qu’il incruste sur une grande couronne telles des balanes sur un navire. » Source admagazine.fr

Saison d’art 2023 jusqu’au 29 Octobre 2023 – Festival International des Jardins, Jardin résilient jusqu’au 5 Novembre 2023

Biographie de l’artiste :

• De 2010 à 2013, Grégoire Scalabre est invité à la Manufacture Nationale de Sèvres en tant que résident où il commence un travail d’accumulation autour d’une œuvre colossale « Astrée ». Cette résidence marquera un tournant dans sa vie d’artiste. Il exposera notamment au Musée des Arts décoratifs de Paris, à la galerie Nec à Paris, à la galerie Modern Shapes à Anvers et à la Manufacture de Sèvres.
• En parallèle de son travail d’artiste, Grégoire Scalabre exerce depuis 25 ans une pratique d’enseignement. Il a notamment fondé un atelier de transmission du savoir-faire et des techniques de la céramique à Paris (Scalabre Mercier Studio) et transmets son savoir-faire lors de formation au tournage.
• Actuellement, ses œuvres figurent dans des grandes collections publiques et privées en France et à l’étranger notamment au musée des Arts décoratifs de Paris (Sôane 2020 -Collection permanente) ou dans la collection nationale à la Manufacture de Sèvres (Haussmann-2011). Il est représenté par la galerie Todd Merrill à New York.
• En 2022, il remporte le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main « Talents d’exception » (Fondation Bettencourt Schueller) avec l’oeuvre L’Ultime Métamorphose de Thétis. 
• Ses dernières oeuvres Cygnus, L’Ultime métamorphose de Thétis et l’Onde, sont exposées dans les écuries royales du Domaine de Chaumont-sur-Loire du 1 avril au 29 octobre 2023.
• Dans ce contexte, il est invité en juin 2023 à la Villa Kujoyama à Kyoto pour developper un nouveau projet de création qui vise à « rendre » son travail à la nature en apportant de la végétation à ses œuvres.
• https://www.gregoire-scalabre.com/fr/